Wola à l’époque d’occupation allemande

          En octobre 1939, le drapeau avec la svastika au fond rouge domina Varsovie. Une période de 5 années d’occupation allemande commença dans la capitale.
          La ville reprenait peu à peu sa souffle après le siège allemand du mois de septembre qui entraîna de nombreux dégâts. Les travaux de rajustement du réseau électrique ayant pour but la reprise du fonctionnement de son centrale municipal étaient en cours. Les stations où les habitants purent gratuitement prélever de l’eau potable furent indiquées. C’étaient les hydrants du réseau municipal et les sources naturelles. Les gravats étaient supprimés des voies principales de la ville, aussi bien que les débris des barricades.


Barricade polonaise du septembre 1939 sous le viaduc ferroviaire dans la rue Wolska près de Bema

          Dans la moitié du mois d’octobre, l’usine à gaz entreprit l’éclairage des certaines rues de la capitale. De plus, les foyers et les entreprises furent progressivement joints au réseau municipal. Le transport en commun, les tramways et les bus, reprit son fonctionnement, aussi bien que les trains suburbains. Dans la moitié de novembre, presque toute la ville eut l’accès à l’eau et à l’électricité.


Tramway varsovien durant l’occupation

          La situation d’approvisionnement de la ville fut difficile. Le commerce des produits alimentaires, des cigarettes (en dépit de prohibition de la part des Allemands) et du savon fabrication maison, aussi bien que celui des vêtements et de la galanterie, constitua une source principale de subsistance dans les milliers des familles. Au plus grand marché de la ville, situé dans la place de Jozef Kerceli à Wola, ce n’étaient que 113 éventaires qui survirent, en comparaison avec 900 de l’avant-guerre.
          Beaucoup d’habitants de Varsovie eurent des problèmes avec leur logement. Dans certains quartiers, entre autres à Wola, la plupart des maisons fut endommagée ou même ruinée par les bombardements et le tir d’artillerie du mois de septembre. Certaines familles restèrent sans domicile. Elles cherchèrent l’abri dans de divers bâtiments qui subsistèrent à Wola ou dans d’autres quartiers.

          Un rude hiver vint. Les fenêtres dans beaucoup de maisons furent dépourvues des vitres. Les habitants essayaient à tout prix de les y installer ou au moins couvrir les trous à l’aide des cartons. Il n’y eut assez de combustibles pour faire chauffer les foyers.

          L’occupant commença la réalisation systématique de la politique d’extermination des Polonais. Elle entra en vigueur dans le territoire occupé aussi bien par l’Allemagne que par l’URSS. Des milliers des Polonais, dépourvus de leurs biens immobiliers, furent expropriés des territoires joints au Reich vers le Gouvernement Général (en allemand: Generalgouvernement, en polonais : Generalne Gubernatorstwo) qui fut le nom donné à l'administration d'une partie centrale du territoire polonais, occupé par l’Allemagne nazi et constituant une partie autonome de la Grande-Allemagne. Les Allemands s'efforcèrent de ne pas mentionner le nom « Pologne » dans tous les documents concernant ces terres.


Division administrative du territoire polonais jusqu’au 22 juin 1941 (source : Atlas d’histoire de Pologne, 2004)

          Beaucoup de Polonais furent transportés vers les camps de concentration. Les arrestations et fusillades massives devinrent réalité. La situation fut semblable dans le territoire du Gouvernement Général. Le but était surtout de priver la société polonaise de son élite – des intellectualistes.

          Les Allemands définirent la notion des personnes constituant une menace pour leur nation. Le Rassenpolitisches Amt (Office des Politiques Raciales), un office créé par le NSDAP, élabora le 25 octobre 1939 un mémoire concernant le traitement du peuple de Pologne occupée. On put y trouver une formulation suivante :

          «La notion de l’intelligence polonaise comprend surtout les prêtres, les instituteurs, les professeurs (y compris universitaires), les médecins, les dentistes, les vétérinaires, les officiers, les hauts fonctionnaires, les grands marchands, les grands propriétaires terriens, les écrivains et les rédacteurs polonais, aussi bien que toutes les personnes qui ont obtenu la formation supérieure ou secondaire».

          Conformément à ces critères, l’occupant allemand commença une action d’extermination progressive de la nation polonaise. Déjà en 1940, AB-Aktion, l’action de pacification durant laquelle environ 3500 Polonais furent fusillés, fut menée entre autres à Palmiry près de Varsovie. Ses victimes furent arrêtées à la base des listes préparées à l’avance. Les autres détenus furent transportés vers les camps de concentration déjà construits en Allemagne.


L’extermination du peuple polonais (source : Atlas d’histoire de Pologne, 2004)
(Les prisons nazies et les camps de concentration marqués par les rectangles noirs ; les flèches indiquent les directions de déportation des habitants du territoire polonais)

          Afin d’accomplir la tâche d’extermination, les Allemands construisirent au territoire polonais, aux environs de la ville d’Oswiecim, un grand camp de concentration, nommé Auschwitz. L’endroit ne fut pas choisi par hasard. La localisation de la ville, entourée par un réseau ferroviaire très dense, facilitait le transport des prisonniers vers le camp. Réservé initialement à l’intelligence polonaise et au peuple se révoltant contre l’occupant nazi, le camp commença son fonctionnement dans la moitié de l’année 1940. Au fil du temps, c’étaient entre autres les Juifs et les prisonniers de guerre soviétiques qui y furent expédiés. Le premier transport de quelques centaines de prisonniers d’opinion polonais arriva à Auschwitz le 14 juin 1940. Selon les historiens, environ 1.3 millions prisonniers (surtout Juifs de toute l’Europe) furent séquestrés dans le camp. Parmi eux se trouvèrent environ 150 mille Polonais. Le nombre des tués atteignit 1.1 millions. D’après certaines sources, le nombre des victimes fut considérablement plus élevé et atteignit même plus de 4 millions personnes. Néanmoins, la plupart des scientifiques modernes n’approuve pas une telle estimation.

          L’occupant soviétique ne paressait guère, réalisant les accords du pacte Molotov-Ribbentrop du 28 septembre 1939 et, plus précisément, de son protocole secret sur l'obligation mutuelle de prévenir et empêcher toute action de la Résistance polonaise visant à regagner l’indépendance du pays. Dans les territoires annexés à l’URSS, les propriétaires terriens furent dépossédés, pendant que l’industrie et les banques – nationalisées. Les arrestations massives de 300 mille fonctionnaires d’état et des communes, officiers, terriens et bénévoles furent menées. Dans les années 1940-1941, 4 vagues de déportation des Polonais eurent lieu. Au total 1.2-1.3 millions personnes furent transportées vers les camps de goulag dans la partie européenne de l’URSS, au Kazakhstan et en Sibérie.
          Des milliers des officiers polonais, captivés par les deux occupants durant la campagne de Pologne du septembre 1939, vivaient dans les camps de prisonniers de guerre, aussi bien nazis que soviétiques. Le destin de beaucoup d’entre eux fut particulièrement tragique. Mais cette vérité fut encore à voir le jour.

          En mai 1940 Hans Frank, le gouverneur général en Pologne occupée, déclara:
          «En conséquence (de l’action AB), quelques milliers des Polonais, appartenant surtout au camp des dirigeants idéologiques de Pologne, devront abandonner leur vie... Les suspects sont à éliminer tout de suite.
          Les prisonniers transportés du Gouvernement Général vers les camps de concentration du Reich doivent être soit renvoyés chez nous, pour qu’on puisse effectuer l’action AB, soit éliminés sur place».


          Le 27 octobre 1939 Stefan Starzynski, le président-héros de Varsovie, fut arrêté par les Allemands. Détenu d’abord dans la prison de Pawiak, il fut ensuite transporté vers le pénitencier Moabit à Berlin pour se finalement retrouver dans le camp de concentration à Dachau. Il y fut tué probablement le 19 mars 1944. Le ministère de la Sécurité d’État du régime communiste de la République démocratique allemande, dit la STASI, possédait les documents concernant la mort du président. Néanmoins, ils n’ont pas encore été rendus accessibles au côté polonais.

          Varsovie ne resta pas passive face à la violence allemande. Déjà en automne 1939, les premières organisations clandestines de résistance et les structures du PPP (Polskie Panstwo Podziemne, État secret de Pologne) commencèrent à se former dans la capitale. La nuit du 26 au 27 septembre 1939, la SZP (Sluzba Zwyciestwu Polski, Service pour victoire de Pologne) fut créée dans la ville assiégée. Elle fut transformée le 13 novembre 1939 en ZWZ (Zwiazek Walki Zbrojnej, Union de combat armé) assujetti au gouvernement polonais en exil. Le 14 février 1940, le général Wladyslaw Sikorski créa à sa base l’AK (Armia Krajowa, Armée du peuple).
          À côté de ZWZ, les autres organisations clandestines reconnaissant le gouvernement en exil furent créées, parmi elles : ZNAK (Polska Organizacja Zbrojna ZNAK, Organisation armée de Pologne), BCh (Bataliony Chlopskie, Bataillons campagnards) et OW ZJ (Organizacja Wojskowa Zwiazek Jaszczurczy, Organisation militaire Alliance du lézard).

          Suite à l’action d’unification qui eut lieu jusqu’à l’année 1943, le nombre des soldats de l’AK atteignit environ 500 mille, ce qui en fit la plus grande armée clandestine de l’Europe.

          En novembre 1939, les Allemands fermèrent toutes les écoles polonaises de Varsovie. Sous prétexte de prévention contre l’épidémie, la rentrée fut retardée. Après un certain temps, seules les écoles primaires et quelques écoles professionnelles obtinrent un accord pour la réouverture. Dans les universités, après l’intervention des recteurs polonais, les Allemands ne permirent que de mener les examens finaux pour les diplômés de l’année 1939.

          Les spécialistes de l’ Office des Politiques Raciales du NSDAP consentirent:
          «... Les universités et les autres écoles supérieures, les écoles professionnelles et secondaires, qui restent toujours les centres de formation patriotarde, doivent être fermées...
          Seules les écoles primaires seront acceptées, mais leur but est de transmettre que les aptitudes les plus basiques, comme le calcul, la lecture et l’écriture.
          L’enseignement des matières importantes du point de vue national, comme l’histoire, la géographie, la littérature et la gymnastique, est à exclure...»


          Dans les écoles primaires qui ouvrirent leurs portes en septembre 1940, les matières comme l’histoire, la géographie, la littérature polonaise et l’étude du monde contemporain n’entrèrent donc pas dans les programmes. Le développement de l’enseignement clandestin à une grande échelle et jusqu’au niveau universitaire devint une réponse immédiate aux actions de l’occupant.

          Les Allemands commencèrent les persécutions sans précédant des Juifs habitant à Varsovie. Ils furent forcés à porter les brassards avec l’étoile de David pour se discerner des autres Varsoviens et à effectuer les travaux publiques, comme le décombrement des rues, sans aucune rémunération.

          Le 12 octobre 1940, le gouverneur du district de Varsovie Ludwig Fischer signa un décret officiel de construire à Varsovie le ghetto. Le territoire d’environ 2.6 km 2 , limité du côté de Wola par les rues Okopowa et Towarowa, fut isolé.


Carte du ghetto

          L’ensemble du territoire fut entouré par un mur en brique haut de 3 mètres. C’étaient les habitants du ghetto qui furent forcés à le construire. Le quartier fut divisé en «grand ghetto» et «petit ghetto», les deux parties liées par un pont de bois installé au niveau de deuxième étage au dessus de la rue Chlodna le long de Zelazna. Quelques portes assurant la communication entre le ghetto et le côté «aryen» de la ville furent placées dans le mur. En janvier 1941, environ 400 mille Juifs résidaient dans le ghetto, dont certains furent forcément rapatriés des autres quartiers. En même temps, les Polonais habitant dans le territoire entouré par le mur furent forcés à déménager hors du ghetto. Les centres de concentration des Juifs furent créés aussi dans d’autres villes de Pologne.





Murs du ghetto


          En mars 1941, le nombre d’habitants du ghetto atteignit 460 mille car les transports des zones suburbaines arrivèrent à la capitale. Les conditions de vie furent extrêmement dures et la mortalité très élevée. Un nombre important d’habitants mourut jusqu’à la moitié de l’année 1942. Le 22 juillet 1942, le «petit ghetto» fut fermé et les Juifs qui y résidaient – transportés vers les camps d’extermination, surtout à Treblinka. Jusqu’à la fin de l’année 1942, 300 mille Juifs furent exportés de l’Umschlagplatz, aujourd’hui situé dans la rue Stawki près de Dzika. Le 18 janvier 1943, les premiers tiraillements armés eurent lieu entre les militants juifs, commandés par Mordechaj Anielewicz, et les Allemands préparant un nouveau transport. Les militants arrivèrent à stopper cette action d’extermination.

          Les Polonais essayaient à aider les Juifs poursuivis par les hitlériens autant qu’ils en étaient capables. Les habitants de Wola, eux aussi participèrent dans ce mouvement bénévole. Irena Sendlerowa, habitante de 6/82, rue Ludwiki, sauva plus de 2500 enfants juifs.


Irena Sendlerowa

          Néanmoins, les Allemands ne laissèrent pas le peuple de Varsovie habitant hors du ghetto en paix.





Contrôle dans la rue Wolska près du viaduc – photographie allemande, technique du stéréoscope (collection de Janusz Walkuski)


          Au cours de réalisation du plan de l’élimination des Polonais, les membres de la gestapo et de la police allemande ne cessaient de mener les arrestations des patriotes polonais en s’appuyant sur les listes élaborées. Des «rafles», arrestations massives des passants occasionnels effectuées dans des endroits particuliers de la ville, devinrent de plus en plus populaires. Les détenus furent envoyés dans la prison à Pawiak, située à l’époque sur le territoire du ghetto, dans les camps de concentration, surtout Auschwitz, soit devant les canons des plutons exécutoires. Les exécutions des Polonais furent à ce temps-là menées surtout à Palmiry, un village situé dans la vallée de Varsovie, tout près du parc national de Kampinos.


Pawiak, la prison

          Malgré les actes de l’occupant, Varsovie resta mobilisée. Le 13 décembre 1940, dans un dépôt pour les tramways de la rue Mlynarska à Wola, eut lieu la première grève dans l’histoire de la capitale occupée. Les ouvriers demandaient l’augmentation des salaires.


Dépôt pour les tramways, rue Mlynarska

          Les Allemands arrêtèrent 4 délégués des ouvriers et 2 directeurs polonais. Grâce au sacrifice de Karol Bem, membre de la PPS (Polska Partia Socjalistyczna, Parti socialiste polonais), qui se rendit volontairement dans les mains de gestapo, les autres grévistes échappèrent à la mort. Le héros fut transporté vers le camp de Dachau où il périt en avril 1941.

          Le 22 juin 1941, les Allemands attaquèrent à l’improviste leur adhérant – l’URSS. D’une telle façon, en entreprenant le combat contre l’Allemagne nazie, l’ennemi soviétique devint l’un des alliés, à côté de Grande Bretagne et de France. Un dilemme naquit pour les Polonais. Or, comment durent-ils se comporter envers le voisin oriental qui, après à peine deux années de combat, arriva déjà à leur faire tant de mal.

          Le 13 et le 14 août, suite aux rafles de grande envergure organisées dans la place de Kerceli, plusieurs hommes furent transportés en Allemagne pour effectuer des travaux forcés au lieu des ouvriers incorporés dans la Wehrmacht.

          Le bombardement de Varsovie par les avions soviétiques le 13 novembre 1941 fut une manifestation de nouvelle phase guerrière qui vint de commencer. 8 bombes, lancées du très haut, atteignirent dans la rue Kolejowa la rampe et les rails latéraux. Les autres détruisirent 3 maisons des rues Srebrna et Miedziana, ce qui fit environ 50 morts et plus de 100 blessés.

          Dans la capitale, la position du mouvement de résistance accrût. Le 14 novembre 1941, les Allemands démasquèrent une imprimerie de conspiration située dans le quartier de Wola, à Gorczewska. Ce fut l’endroit de rédaction du journal >«Walka» (Le combat). 2 personnes périrent, 4 hommes furent arrêtés.

          Les communistes, dont la situation sociale fut jusqu’ici plutôt «délicate», s’activèrent dans de nouvelles conditions politiques. Leur leader soignait dès le début d’occupation les relations familières, et même amicales, avec l’Allemagne nazie, en soutenant ses actions militaires. Les avions allemands participant à la bataille d’Angleterre utilisaient les carburants russes. Au jour d’éclatement de guerre russo-allemande, les trains de marchandises transportant des matières pour le Troisième Reich traversaient toujours la frontière occidentale de l’URSS.
          Le 5 janvier 1942, dans la maison de 18, rue Krasinskiego, eut lieu la première assemblée du groupe fondateur de PPR en conspiration. Marceli Nowotko, pseudo «Marian», fut élu le premier secrétaire. Quelques jours à l’avance, il arriva à Varsovie de Moscou comme l’un des trois dirigeants du Groupe d’initiative. Nowotko fut parachuté vers un petit village Wiazowna, situé à 25 km de la capitale. Durant l’assemblée, on décida de ne pas inclure dans le nom du partie l’allusion à KPP (Komunistyczna Partia Polska, Partie communiste de Pologne) car l’image de cette organisation fut plutôt négative dans les yeux de la société polonaise.
          La tâche de PPR fut de réaliser les directives de l’Internationale communiste et les objectifs politiques des communistes polonais stationnant à Moscou. La course au pouvoir commença tout au début de son fonctionnement. Après quelques mois, le 28 novembre, Marceli Nowotko fut fusillé au coin de la rue Karolkowa, près de Hrubieszowska. Zygmunt Molojec, frère de Boleslaw, un adversaire principal de Nowotko, prépara le plus probablement ce jugement. Boleslaw Molojec devint en l’occurrence le leader usurpatoire du partie. Pour les autres activistes de PPR, cet acte constitua un exemple d’anarchie et les deux frères furent bientôt «nettoyés», l’un après l’autre. Pawel Finder, pseudo «Pawel», ressortissant d’une riche famille des marchands juifs et adhérent du mouvement communiste à partir des années 20., devint premier secrétaire.
          Le 6 janvier, la GL (Gwardia Ludowa, Garde du peuple) fut instaurée. Son vrai fonctionnement commença le 28 mars 1942. Le 1er janvier 1944, Armia Ludowa (Armée du peuple) remplaça la GL. Les membres des deux organisations furent nettement moins nombreux que ceux de l’AK. La GL ne comportait que 5 000 soldats, pendant que l’AL – 36 000.           Dès la renaissance du mouvement communiste, ses adversaires appelaient à entreprendre le combat contre l’occupant. Selon eux, l’AK restait «l’arme au pied». Néanmoins, cette organisation clandestine décida à l’époque de limiter son rôle à ne mener que des actions de propagande. Son commandement consentit que toute intervention militaire résulterait en l’accroissement du terreur allemand, déjà très pénible pour le peuple de Varsovie.

          Au printemps de l’année 1942, la construction du camp des prisonniers de guerre pour les captivés soviétiques commença à Wola. Le camp, situé dans la rue Gniewkowska et appelé «Les baraques», fut construit suite à une décision des commandements de la Wehrmacht liée au «Plan Ost» - l’agression à l’URSS. Le territoire à Wola fut choisi après avoir pris en considération la proximité du réseau ferroviaire.
          La première étape de construction du camp consista à clore quelques hectares du territoire, situé près des rails de déchargement du chemin est-ouest, par le fil de fer barbelé. Un grand rectangle fut laissé pour construire le «champ». Une quinzaine de baraques habitables et deux administratives furent bâtis. Une double protection du fil de fer barbelé entourait le « champ ».
          Afin d’améliorer la visibilité, on enleva minutieusement toute végétation poussant entre les fils. Ce territoire constituait une «zone de mort». Toute personne essayant de la franchir aurait dû être fusillée sans semonce par le gardien. Accomplissement d’une telle tâche fut très tentant pour les gardiens. Chaque détenu tué dans la zone signifiait un prix – quelques jours fériés pour avoir empêché la fuite du prisonnier. Pour pouvoir mieux observer le territoire des baraques habitables, les tours de garde, équipées en réflecteurs mobiles, furent installées aux extrémités du camp.





Prisonniers de guerre soviétiques dirigés vers le camp à Varsovie


          Jerzy Janowski, garçon de 10 ans à l’époque, se souvient:
          « En 1942, les Allemands construisirent, le long du réseau principal de chemin de fer dans la rue Gniewkowska, tout près de notre maison à Sowinskiego, un complexe clos des baraques. Ils y ont logé les prisonniers de guerre. Une soirée, l’un des prisonniers, qui effectuait son travail en dehors du camp, a fuit, profitant de l’inattention du gardien. Il s’est caché dans la cave de maison qu’on habitait, au couloir.
          Le soir, je suis descendu dans la cave pour apporter du charbon et j’ai tombé sur lui. Je me suis effrayé. Il me suppliait, en polonais très basique et par les gestes, de rester discret et de l’aider. J’ai tout raconté à ma maman. Quand elle a appris quelle était la situation de cet homme, elle l’a amené, toute angoissée, dans notre appartement, où il s’est lavé et a mangé. On lui a donné les vêtements et les chaussures de papa.
          On a enterré son uniforme et ses chaussures près de la maison. Dans la matinée, on a montré au prisonnier le chemin vers l’est, il a quitté notre foyer et a disparu dans l’agglomération. À cette époque inhumaine, c’était un mérite, valant peut être la vie d’un homme».


          Le 13 mai 1942, la brigade d’organisation «Wawer» cassa les vitres et détruisit les vitrines dans le siège du bureau allemand de la rue Wolska s’occupant de recrutement pour les travaux forcés au Reich.
          Le 15 juin, un régiment de GL mit le feu au magasin des carburants à la Gare de l’ouest.

          La nuit du 1er au 2nd septembre 1942, un grand bombardement de Varsovie par les avions soviétiques eut lieu encore une fois. Wola, le quartier des ouvriers, fut bombardé le plus sévèrement. Il y eut le plus des blessés et des morts – citoyens polonais. La place de Kerceli subit de plus graves dégâts, car environ 1000 éventaires disparurent sous le feu. À l’époque, on estima le prix des marchandises brûlées à 200-300 millions zlotys. En outre, environ 100 bâtiments furent endommagés.

          Vers la fin de l’année 1942, la résistance polonaise s’activa. La nuit du 7 au 8 octobre, les régiments de diversion d’AK menèrent l’action «Wieniec» (Guirlande). Elle présupposait l’ attaque simultanée des routes ferroviaires entourant Varsovie. À 2h10, deux rails appartenant à l’étape entre la Gare de l’ouest (Warszawa Zachodnia) et la station Wlochy, situés dans le fossé près de station Rozrzadowa, furent sapés du côté de Wola. À part eux, on dynamita aussi les rails du fossé joignant Wlochy avec la station Warszawa Towarowa et avec la ligne périphérique. L’action «Wieniec» bloqua pour la nuit et le midi du 8 octobre une étape importante du réseau ferroviaire varsovien. Le but de cette opération fut de retarder et de rendre plus difficiles les transports des munitions allemandes vers l’ouest.





Opération « Wieniec » (Guirlande)


          Le 8 octobre, avant 11 heures, le foire Kercelak et le marché privé de la rue Przyokopowa furent, en tant que mesure de rétorsion, entourés par la police allemande et les grenadiers. On annonça à l’aide des haut-parleurs placés aux toits des voitures policières que les éventaires devinrent confisqués ensemble avec toutes les marchandises. Les fonctionnaires de l’Arbeitsamt (l’Office du travail) demandait sur place l’identité de toutes les personnes réunies sur place. Certaines d’entre elles furent chargées sur les camions et transportées dans le camp de la rue Skaryszewska, qui constituait le centre duquel les Polonais furent envoyés pour les travaux forcés en Allemagne. Le chargement et le transport des marchandises volées prirent deux jours.





Rafle à Kercelak


          Le 16 octobre, dans la rue Mszczonowska près du passage à niveau, 10 prisonniers de Pawiak furent pendus suite à l’opération «Wieniec». Encore 40 personnes furent tuées de la même façon dans quatre autres endroits de la capitale, dans les banlieues lointaines et en dehors de la ville.





Exécution à Mszczonowska (photo à droite par J. Mankowska)


          39 personnes furent fusillées à la limite de la forêt de Kampinos, sur le territoire des dunes «Luze». Les Allemands informèrent dans un communiqué qu’ils pendirent 50 communistes, pendant que c’étaient en fait les personnes de diverses options politiques qui furent tuées. Aucune victime ne fut point liée avec cet acte de sabotage.

          Par mesure de rétorsion après l’assassinat de 89 Polonais, la GL mena le 24 octobre 1942 des attentas à la bombe. Leur membres bombardèrent par les grenades les lieux de rencontre des Allemands : «Cafe Club» et «Mitropa», les deux situés au Centre Ville. Un pinceau des grenades fut aussi jeté dans l’imprimerie du journal de collaboration «Nowy Kurier Warszawski» (Nouveau courrier de Varsovie), appelé «szmatlawiec» (le torchon). Suite à ces attentas, quelques dizaines d’Allemands furent tuées ou blessées.
          Deux semaines plus tard, le groupe de combat de la GL mena avec succès l’action de reprise des espèces de Centralna Komunalna Kasa Oszczednosci (Caisse d’épargne centrale de la commune) de la rue Traugutta. On reprit plus d’un million zlotys.

          La nuit de la Saint-Sylvestre 1942, une patrouille de diversion (Kedyw) de l’AK essaya de saper un viaduc ferroviaire à Wola (au carrefour de la ligne avec la rue Wolska, près de Bema). Puisque la construction fut très bien surveillée, les militants cachés au dessous des rails ne parvinrent pas à les détruire. Les Allemands les ont démasqués. Un groupe des sapeurs, fusillé de la direction du terrassement, dut se retirer à cause du risque de détonation des mines. L’opération reçut le nom «Wieniec II».

          Au tournant de l’année 1942, la résistance changea sa tactique sur le territoire de Varsovie. Comme le terreur allemand gagnait progressivement en force, la renonciation à la vengeance armée ne fut plus efficace. On décida d’entreprendre la tactique de répondre à la violence par la violence. Varsovie terrorisée montra ses griffes et commença à mordre comme un animal blessé.
          Les régiments spéciaux de diversion de Kedyw furent mobilisés au district de Varsovie. Ce furent des élites - les petits groupes à quelques dizaines des soldats conspirés. Leur tâche était de mener systématiquement les opérations de diversion, de liquider les agents de la gestapo et de l’Abwehra, aussi bien que les collaborateurs condamnés par les cours de l’État secret.

          Les entreprises industrielles, surtout à Wola, créèrent leurs propres groupes et cellules du sabotage. Ce fut le cas dans la manufacture des carabines de 29/31, rue Wolska, et dans l’entreprise de Lilpop, Rau et Loewenstein à 65, rue Bema. Le sabotage ferroviaire fut mené sans cesse à la Gare de l’ouest (Warszawa Zachodnia) et aux postes stratégiques : numéro 4 Warszawa Czyste, numéro 5 Warszawa Bema et Warszawa Rozrzadowa.

          Quelques manufactures clandestines entreprirent la production des Stens et des autres pistolets mitrailleurs fabrication maison. Les ateliers de 1a, rue Gniewkowska et de la rue Mlynarska participèrent à cette action. Les pièces de préfabriquée pour les canons des pistolets furent produites dans l’usine des machines et des élévateurs «Moc» de 121, rue Wolska, pendant que les matériaux pour les canons des pistolets Vis 35 – dans l’usine des carabines «Gerlach» à Wola, 29/31 rue Dworska. La fabrication des Stens eut lieu aussi à 27, rue Przyokopowa, dans l’atelier de Feliks Stepniewski, membre de l’AK. À la production des détails et des composants des pistolets «Blyskawica» (La foudre) participèrent: atelier de menuiserie métallique des entreprises industrielles et commerciales «Wladyslaw Paschalski» à 15/15, rue Zytnia, atelier au coin des rues Plocka et Wolska, manufacture des machines-outils «Pionier» de la rue Krochmalna (éléments de serrure), groupe de manufacture des carabines «Gerlach» de 29/31 rue Wolska. Les sceaux allemands falsifiés, aussi bien que les éléments des certaines carabines, entre autres de « Sten » , furent produits dans la Monnaie de l’État (Mennica Panstwowa) située au coin de Prosta et Zelazna.
          L’atelier mécanique du village Blizne produisait en masse les outils de diversion contre les voitures – les épines (kolce). À 76, rue Obozowa fonctionnait le laboratoire chimique de la GL, où les matériaux explosifs et combustibles furent produits, surtout : bombes à thermite lourdes et légères, bouteilles à combustion spontanée, bombes au carbure de calcium, mines contre les trains, inflammateurs, mèches et ampoules avec le cyanure de potassium.
          L’atelier mécanique de la rue Ogrodowa, près de Kercelak, construisait les enveloppes des grenades. Dans l’usine des objets en métal du volksdeutsch Karol Elsner, on situa la manufacture des grenades appelées «filipinki». Près du carrefour des rues Okopowa et Powazkowska fonctionnait la manufacture du matériel explosif «Powazki». «Wola», l’usine du même type, se trouvait à 56, rue Wolska, près de Plocka.
          Aussi les autres quartiers de Varsovie avaient leurs usines de l’arme. Certaines d’entre elles survinrent jusqu’au septembre 1944, les autres furent détectées et détruites par les Allemands. Le plus souvent, l’ennemi arrêtait leurs ouvriers pour les conduire à la mort.
          Presque 2000 pistolets, plus de 100 000 grenades et quelques dizaines des tonnes des matériaux explosifs furent produits dans les manufactures clandestines de la capitale. Prenant en considération les conditions du travail à l’époque, ce nombre reste imposant.

          Les membres du mouvement de résistance de manufacture des postes de radio «Philips», située à 32/44, rue Karolkowa, jouèrent, eux aussi, un rôle important dans l’histoire de Varsovie. Officiellement, l’usine travaillait pour l’armée allemande. Pourtant, un groupe d’ingénieurs, de techniciens et d’ouvriers – membres de l’AK s’y trouva. Grâce à eux, on construisit dans la manufacture environ 60 postes de radio pour l’Armée secrète. L’action au nom de code «SM», qui affecta directement la marine allemande, constitua le couronnement d’activité subversive du groupe de «Philips». La diversion technique consistait à l’utilisation des substances provoquant la corrosion au cours de construction des postes de radio à installer dans les sous-marins allemands.


Manufacture « Philips »

          Le 14 avril 1943, le journal- torchon Nowy Kurier Warszawski communiqua que les charniers des milliers des officiers polonais – prisonniers du camp à Kozielsk furent découverts dans le village Katyn près de Smolensk. La radio de Moscou démentit la nouvelle, rejetant la responsabilité sur les Allemands. Le magazine «Glos Warszawy» (Voix de Varsovie), outil de propagande communiste de la PPR en conspiration, partageait cette opinion et appela la révélation du massacre de Katyn «une propagande anti bolchevique, frauduleuse et exécrable». Les Allemands décidèrent de profiter du massacre pour inciter les Polonais à une croisade contre le bolchevisme. Le succès ne vint pas. Les Polonais comprirent que la situation politique de l’époque exigeait la régulation future de l’affaire de Katyn et, pour l’instant, la concentration des efforts sur la lutte contre les hitlériens.
          Le gouvernement polonais en exil se rendit au Comité international de la Croix-Rouge afin de demander l’explication de l’affaire. Comme réponse, Staline rompit les relations diplomatiques avec le gouvernement polonais. Cela constituait pour lui une circonstance favorable du point de vue de ses futurs plans envers la Pologne. Les gouvernements de la Grande Bretagne et des États-Unis prirent la même position que Staline. Des millions des soldats soviétiques, militant et périssant sur le front oriental et soulageant par leur effort les alliés combattant à l’ouest, furent plus importants que l’honneur et la loyauté envers le partenaire polonais. Durant des dizaines d’années, les alliés participèrent à une exécrable conspiration du silence.
          En résultat, l’affaire de Katyn fut omise dans le procès de Nuremberg en tant qu’improuvable. Ce n’était qu’en avril 1990 que Mikhaïl Gorbatchev, dirigeant de l’URSS, avoua officiellement que la responsabilité pour le massacre de Katyn appartenait à NKWD. On révéla les documents préparatifs du massacre, contenant l’accord des membres du Bureau politique de l’URSS et de Staline lui-même. Malheureusement, le côté russe ne reconnut pas jusqu’à l’heure actuelle le massacre de Katyn comme génocide, crime hors de prescription.

          Le 19 avril 1943, les régiments allemands entrèrent dans le ghetto afin de le liquider une fois pour toutes. Les militants juifs résistèrent, forçant les Allemands à se retirer. Le soulèvement du ghetto de Varsovie, à durer jusqu’au 16 mai 1943, commença. Les membres des deux organisations, ZOB (Organisation juive de combat) et ZZW (Alliance militaire juif), y participèrent. ZOB, mouvement à orientation gauchiste commandé par Mordechaj Anielewicz, fut reconnu par la délégation du gouvernement en Pologne et par la PPR. ZZW, organisé par les anciens officiers de l’Armée polonaise et les droitistes de naissance juive, fut une organisation droitiste soutenue par l’AK. D’après les donnés estimatifs, environ 600 insurgés de ZOB et 400 de ZZW se battaient dans le soulèvement. Les forces allemandes, commandées par le général de la SS Jürgen Stroop, comptaient environ 3000 personnes .
          Les insurgés ne possédaient qu’une mitrailleuse, un pistolet mitrailleur, 10-15 carabines, 200 pistolets et des grenades. Les Allemands furent soutenus par l’artillerie, l’armée blindée et chimique. Malgré une telle disproportion, les combats duraient presqu’un mois. Les insurgés se battaient sous le drapeau : blanc et rouge, rouge socialiste (ZOB), bleu et blanc juif (ZZW). Ils furent conscients que les chances pour la victoire n’existaient pas pour eux. Ils se battaient pour la dignité et l’honneur des Juifs périssant à Varsovie.


Insurgés juifs

          L’AK et la GL essayaient de porter secours aux Juifs militant en organisant les opérations de diversion du côté aryen de la ville. Aussi les essais de saper le mur du ghetto furent entrepris dans quelques endroits (entre autres du côté de la rue Okopowa) pour rendre possible l’évacuation des insurgés. À part cela, on attaquait les postes allemands situés près du mur. Malheureusement, ces actions ne prirent pas des résultats.
          Les combats durèrent jusqu’au 16 mai 1943. Le 8 mai, Mordechaj Anielewicz et son régiment se suicidèrent dans le bunker de 18, rue Mila afin d’éviter l’exécution de la part des Allemands. C’était Marek Edelman qui prit le commandement après Anielewicz. Presque tous les militants juifs périrent dans le combat.


Militants juifs captivés par les Allemands

          Ceux qui quittèrent le ghetto par les canaux grâce à l’aide d’AK et de la GL furent peux nombreux. Marek Edelman y parvint. En 1944, durant l’Insurrection de Varsovie, il se battait avec un pluton de ZOB à la Vieille Ville.
          Le 16 mai 1943, le général Jürgen Stroop annonça la fin des combats dans le ghetto. Le même jour, il ordonna le dynamitage de Grande Synagogue à Tlomacki, achevant de façon symbolique la destruction du ghetto de Varsovie.

          7000 Juifs périrent durant le soulèvement du ghetto, 6000 brûlèrent vifs. 50 000 derniers habitants du quartier furent transportés vers le camp à Treblinka. Du côté allemand, il y eut environ 300 morts et blessés. On démantela tout le quartier.


Décombres du ghetto

          Ce n’était que l’église de Saint-Augustine à Nowolipki, la seule à survivre dans le quartier, qui dominait ce désert de pierre. Les Allemands y organisèrent l’observatoire et le magasin. La prison de Pawiak, située sur le territoire du ghetto, entre les rues Dzielna et Pawia, n’arrêta pas son fonctionnement.

          Après la guerre, ZOB partageait en Pologne le sort de l’AK. À cause de son caractère droitiste, les historiens ignoraient ses mérites, qui furent attribués à ZZW gauchiste.

          L’extermination du peuple « aryen » de Varsovie gagna encore en force après la liquidation du ghetto. Les Allemands intensifièrent les arrestations. Les détenus dirigés vers Pawiak furent fusillés dans les décombres du ghetto. Environ 100 000 Polonais furent séquestrés dans ce prison dans les années 1939-1944. Les Allemands expédièrent 60 000 Polonais vers les camps de concentration et pour les travaux forcés, 37 000 furent fusillés, surtout à Palmiry et dans les décombres du ghetto.

          L’occupant réalisait le « plan de Pabst » qui eut pour objectif la marginalisation de la capitale polonaise. En octobre 1939, Friedrich Pabst devint architecte principal de Varsovie. Sous son commandement et après l’acceptation de la part d’Hitler commença l’élaboration du plan présupposant la destruction presque totale du territoire aménagé de la métropole. Le but fut d’en faire le centre de transit peu important, en même temps la ville de 100 000 à 130 000 habitants. On voulut développer l’infrastructure militaire, surtout les manufactures des armes et le réseau ferroviaire, et construire de nouvelles casernes pour la Wehrmacht.


« Plan de Pabst »

          La mise en œuvre du plan présupposait la réduction dramatique du nombre d’habitants de Varsovie, qui en comptait environ 1.3 millions avant la guerre. La première étape fut réalisée par la liquidation du ghetto.

          La construction du camp de concentration KL Warschau devint l’objectif suivant. Le quartier de Wola fut choisi pour sa localisation car son dispositif urbanistique et la proximité du réseau ferroviaire pour faire transporter les détenus furent favorables.
          Les Allemands choisirent Fort Bema comme chantier. Aujourd’hui, c’est le terrain entre les rues Maczka et Powstancow Slaskich, la ligne des anciens casernements, la route pour automobiles S8 en construction et Trasa Armii Krajowej. Avant la guerre, la Première manufacture des munitions s’y trouvait. Initialement, les Allemands organisèrent sur le territoire de Fort Bema le camp où les soldats de campagne de Pologne furent internés. Les magasins et les entreprises militaires s’y trouvèrent aussi. En octobre 1942, Fort Bema, l’un des cinq lagers faisant partie de KL Warschau, fut transformé en camp de concentration pour les habitants civils de Varsovie. Ce camp de plus de 20 hectares comptait 55 baraques et un bâtiment en forme de la lettre T, dont les murs de fondation existent aujourd’hui. 1 000 prisonniers purent résider dans le camp en même temps. Les deux autres camps se trouvaient près de la Gare de l’ouest moderne, un, construit après l’étouffement de l’insurrection du ghetto, dans la rue Gesia (aujourd’hui Anielewicza) et un dans la rue Bonifraterska. KL Warschau possédait l’équipement pour effectuer les exécutions massives, les chambres à gaz et les crématoires.


Plan présumé de KL Warschau

          Les lagers furent joints par l’intermédiaire de la ligne de chemin de fer et fonctionnaient sous le même commandement. Au total, dans tous les sous-camps périrent plus de 200 000 victimes, surtout civils captivés durant les rafles organisée dans les rues de la capitale et les personnes importées à Varsovie du sud de l’Europe. Dans le camp « Gesiowka » de la rue Gesia c’étaient surtout les Juifs de Pologne, Hongrie, Reich, Tchécoslovaquie, Grèce, Belgique, Pays Bas, Lituanie et Norvège. Il furent forcés à travailler pendant la décomposition du ghetto après sa liquidation.

          À partir de la seconde moitié de l’année 1943, le mouvement de résistance s’activa plus qu’auparavant. Dans tous les quartiers on menait les opérations de sabotage et les exécutions des fonctionnaires et des confidents de la gestapo, aussi bien que des policiers-grenadiers extrêmement fidèles à l’occupant. Tout cela se passait dans l’atmosphère du terreur allemand étouffant. Il y eut des jours quand des centaines des Polonais, prisonniers de Pawiak, furent fusillés dans le décombres du ghetto.

          À Varsovie, les Allemands ne sentaient plus en sécurité. Par crainte des attentats, les édifices de leurs bureaux, entourés des abattis du fil en fer barbelé, devinrent des forteresses. Les policiers ne se présentaient jamais seuls durant les patrouilles.

          À Wola, comme dans les autres quartiers de Varsovie, les organisations clandestines de résistance polonaise intensifièrent leur activité contre l’occupant allemand.
          Le 23 juillet 1943, à 17h25, une patrouille de combat de Kedyw fusilla devant la conciergerie de l’usine «Wola» de la rue Bema le commandant de Werkschutz qui décela une trace d’action de sabotage menée dans l’usine. De plus, son attitude envers les Polonais fut énormément cruelle.
          Le 26 juillet, le régiment de Kedyw du district de Varsovie de l’AK mit le feu dans un grand stock des propergols de l’entreprise «Wysoccy» de 61, rue Zelazna.
          Le 31 juillet, les mêmes régiments brûlèrent un immense stock des propergols de la rue Gniewkowska. Après avoir terrorisé les gardiens, les incendiaires furent installés. 1.4 millions litres de pétrole, 20 000 kg graisses, 2 wagons citernes et une voiture brûlèrent. Les Polonais ne subirent aucuns dégâts.


Incendie dans le stock à Gniewkowska

          Le 12 août, «Osa», le régiment spécial du quartier général de l’AK, mena l’opération «Goral» (Montagnard). Un grand transport d’argent fut envoyé de Banque d’émission de la rue Bielanska vers Cracovie.





Banque d’émission (photo à droite par J. Mankowska)
(Le tableau dit : Le 12 août 1943, devant la maison de 3, rue Senatorska, les soldats du régiment de diversion du quartier général de l’AK enlevèrent durant le combat avec un convoi de gendarmerie hitlérienne plus d’un million zlotys)


          Suite à l’action-bravoure de Senatorska, la voiture transportant environ 106 million zlotys aussi bien que des Ost Marks (monnaie introduite dans les territoires occupés par l’Allemagne durant la guerre) et des Deutsche Marks, fut pris à 11h17 près d’entrée à Plac Zamkowy. On enleva deux pistolets mitrailleurs «Bergman», deux carabines et deux pistolets «Parabellum». Toute l’action ne durait que 2 minutes et demi. La voiture transportant l’argent, avec deux autres participant à l’opération, passèrent par la rue Zakroczymska vers le quartier de Zoliborz et ensuite par l’avenue Wojska Polskiego et rues Piaskowa, Tatarska et Ostroroga.


Plan de l’action « Goral » (Montagnard)

          De cet endroit-là, la voiture avec l’argent prit la rue Gostynska, Plocka et Gorczewska pour arriver enfin au quartier de Wola où, à 47, rue Sowinskiego, dans une petite maison du jardinier située tout près du cimetière Wolski l’attendait le jardinier Bronislaw Ruchowski pseudo «Bratek», membre du régiment de diversion du quartier général de l’AK.


Bronislaw Ruchowski pseudo «Bratek»

          À 11h40, le sacs avec le trophée furent placés dans la fosse et couverts par les tiges des pommes de terre. La voiture s’éloigna pour être abandonnée dans la rue Ordona. La nuit, les sacs furent cachés dans la verrerie et placés dans la fossé au dessous du rayon le plus bas. «Bratek» les couvrit de terre et planta les bégonias.


Maison du jardinier (photo par J. Mankowska)

          Le 14 août, une grande plateforme de 2 tonnes arriva devant la verrerie. On y chargea des «caisses de légumes» et des «sacs et paniers des tomates», au fond desquels les paquets d’argent furent placés. Le véhicule, escorté par 7 soldats, atteignit sans interruptions 15, rue Sliska, où on déposa l’argent dans les cachettes. L’opération finit par un succès total.

          Le 31 août 1943, les soldats de la GL détruisirent à Powazki le rail de la ligne périphérique de chemin de fer. Dans la seconde moitié de septembre, les attaques de cette ligne furent répétées.
          Le 14 septembre, le groupe de 14 membres de l’AK, district Wola, mirent le feu dans 4 baraques avec l’équipement électrique situées dans la rue Bema.           Le 25 septembre, le groupe de combat de la GL sapa les rails entre la rue Bema et Dworska, provoquant la pause dans la circulation des trains à durer 4 heures.
          En octobre 1943, le groupe de combat «D2» du bataillon «18» de Kedyw essaya de reprendre le poste de garde de l’usine Lilpop à Wola.

          Le gouverneur Hans Frank fut conscient de l’obstacle que la Varsovie indomptable constituait pour l’occupant allemand. Il dit:
          «Si on n’avait pas Varsovie dans le Gouvernement Général, on n’aurait qu’une cinquième des problèmes auxquels on doit faire face. Varsovie reste le centre de fracas, le point, duquel l’anxiété se propage dans ce pays».

          Les Allemands essayaient d’introduire de nouvelles méthodes pour terroriser les habitants de Varsovie. En octobre, les rafles s’intensifièrent énormément. C’étaient les formations de police allemande, aussi bien que les régiments de la Wehrmacht, Luftwaffe et Hitlerjugend qui les menaient. Les grandes étapes des rues de la capitale et les parties des quartiers étaient entourées pour arrêter tous les hommes et les jeunes femmes choisies. Les arrêtés furent placés avec leurs têtes près du mur et chargés ensuite sur les voitures de police. Les Allemands n’acceptaient que des certificats confirmant le travail dans des entreprises fabriquant pour assouvir les besoins de l’armée. Les arrêtés furent transportés vers Pawiak. Ceux qui essayaient de fuir furent fusillés sans semonce. Les Allemands organisaient de grandes rafles aussi à Wola.

          Une série d’exécutions publiques commença en tant que réponse allemande pour une vague d’attentats croissante. Les camions allemands ( « niches » (budy)), couverts par les bâches et chargés des prisonniers, arrivaient dans les endroits choisis de la ville. Les détenus furent tirés des voitures et placés avec leurs dos sur le mur devant le pluton exécutoire. Souvent, les Allemands collaient les bouches des prisonniers à l’aide du plâtre pour les empêcher de pousser le dernier cri. Après la décharge, les corps furent jetés sur les mêmes camions et emportés. Les fleurs apparaissaient tout de suite dans les endroits d’exécutions. Souvent, les femmes recueillaient la terre imbibée de sang et l’amenaient comme relique dans les églises. Plusieurs exécutions eurent lieu à Wola.
          Le 22 octobre 1943, vers 10 heures, un groupe des prisonniers de Pawiak fut tué dans la rue Mlynarska, au coin de Wolska, pendant qu’un autre - sur le territoire du ghetto. À 2, rue Mlynarska, les Allemands menèrent l’exécution des 10 traminots.


Rue Mlynarska – endroit d’exécution

          Le 26 octobre, environ 30 personnes périrent devant le mur à 3, rue Leszno. Le 30 octobre, les Allemands tuèrent 10 prisonniers de Pawiak dans la rue Towarowa, au coin de Lucka. Avant de mourir, ils crièrent deux fois en chœur «Vive la Pologne !».





Endroit d’exécution à Towarowa au coin de Lucka (photo par M. Janaszek-Seydlitz)
(Le tableau à gauche dit : L’endroit sanctifié par le sang des Polonais, morts pour la liberté de la patrie.
Au dessous : Ici, en 1943, les hitlériens fusillèrent environ 30 détenus)


          Le 9 novembre, à 2, rue Plocka, quelques dizaines de personnes furent fusillées.
          Le 18 novembre, durant l’exécution publique suivante, cette fois-ci à 77, rue Wolska, près de Syreny, périt un groupe d’hommes et de femmes.


Endroit d’exécution de la rue Syreny (photo par J. Mankowska)

          Le 23 décembre, à 9 heures, 43 prisonniers furent fusillés à 14, rue Gorczewska près de Plocka, et 57 à 15, rue Gorczewska.





Endroit d’exécution à 14, rue Gorczewska (photo par M. Janaszek-Seydlitz)
(Le tableau en bas dit : Ici, le 18 et le 21 décembre 1943, les hitlériens fusillèrent 43 Polonais)


          Le 13 janvier 1944, environ 40 personnes périrent suite à la fusillade de 14, rue Gorczewska, pendant qu’à 15, rue Gorczewska moururent 300 Polonais.





Endroit d’exécution de 15, rue Gorczewska (photo par M. Janaszek-Seydlitz)
(Le bas du tableau dit : Ici, le 23 décembre 1943, les hitlériens fusillèrent 57 Polonais.
Le 13 janvier 1944, les hitlériens fusillèrent environ 300 Polonais.)


          Le 10 février, encore une exécution eut lieu à 77, rue Wolska.
          L’occupant ne parvint pas à terroriser la résistance par sa cruauté. Les militants clandestins répondait aux coups par les coups.
          Le 7 septembre 1943, le groupe du régiment de diversion du quartier général de l’AK mena un attentat réussi contre le bourreau de Pawiak Frank Bürke.
          Le 25 octobre, Klein, un autre bourreau des prisonniers détenus dans cette prison, fut liquidé par le groupe du même caractère au coin des rues Leszno et Rymarska.

          Entre décembre 1943 et mars 1944, «Kedyw» prépara l’opération «Topiel», ciblant sur les gouverneurs les plus dangereux des différents départements d’administration allemande à Varsovie et sur les confidents de police. Le 5 janvier 1944, Jozef O., l’enquêteur du premier commissariat de police criminelle, fut fusillé après le verdict civil de la Cour spéciale près de sa maison de la rue Plocka. Le 12 janvier, dans la rue Towarowa au coin de Srebrna, le régiment DB 3 de « Kedyw » liquida Leon Komorowski, le chef du premier commissariat ferroviaire à Varsovie.

          En janvier 1944, dans l’usine à gaz municipale située à Wola, on endommagea le compresseur pressant le carburant vers la ville et l’usine «Ursus».
          Le 30 janvier 1944, les gardiens de la GL habitant à Wola bombardèrent avec des bouteilles incendiaires l’atelier de rajustement des voitures militaires dans la rue Leszno au coin de Karolkowa. 3 camions subirent des dégâts.
          Le 23 mars, le régiment DB «3» de «Kedyw» s’empara pour quelques heures des grands magasins militaires dans la rue Kolejowa près de la Gare centrale pour en emporter des produits alimentaires pour les besoins d’AK.
          Le 27 mars, un soldat de «Kedyw» mit dans le poste numéro 5 (de Bema) un pétard sous le réacteur chargé dans un wagon. L’explosion eut lieu à 19h40. Le réacteur fut détruit et le wagon sévèrement endommagé. Ce fut encore une action de ce type.
          Le 4 avril, un groupe des soldats du régiment de disposition « Kolegium A » de « Kedyw » liquida à la Gare de l’ouest Karl Schmalz pseudo «Panienka» (Demoiselle), le commandant de poste de police ferroviaire, et 5 autres Allemands. On regagna l’arme mitrailleuse, des carabines, des pistolets et des munitions.
          Le 17 avril, le groupe de combat du bataillon «Czwartacy» de l’Armée du peuple mena l’opération de désintégration et de prise du poste de grade dans l’usine «Philips» à Karolkowa. L’objectif de cette action fut de gagner un pistolet mitrailleur. L’essai finit par succès. On tua deux gardiens et reprit de l’arme avec des munitions sans subir des pertes.
          Le 10 mai, 5 soldats de l’organisation non-définie reprirent par force de la garderie «Döring-Werke» 3 pistolets appartenant aux gardiens de l’usine.

          Le plus grand succès de «Kedyw» fut au début de l’année 1944 un attentat réussi contre Kutschera. Le 25 novembre, Franz Kutschera prit le poste du commandant de la SS et de la police dans le district de Varsovie. Il commença tout de suite le combat agressif contre la résistance polonaise. C’était suite à son initiative que des rafles et des exécutions publiques commencèrent à une envergure sans précédant. Les affiches informant des exécutions furent signées «Commandant de la SS et de la police», sans y inclure le nom. Le commandement de combat clandestin déchiffra qui fut leur auteur et ordonna la mort de Kutschera. Le 1 février 1944, les soldats de la compagne «Pegaz» du commandement de la diversion attaquèrent à 9h09 dans Aleje Ujazdowskie, entre les rues Chopina et Prusa (aujourd’hui Piekna), une voiture transportant Kutschera de sa domicile à 2, Aleja Roz, vers le palais de 23, Aleje Ujazdowskie, qui fut son siège professionnel. Les deux endroits furent éloignés d’à peine 140 mètres. L’action finit par succès, les militants liquidèrent le bourreau de Varsovie. En tant que vengeance, les Allemands fusillèrent 300 Polonais, habitants de Wola.

          En effectuant des exécutions massives dans les rues de Varsovie, les Allemands espéraient terroriser et apeurer les habitants de la capitale, étouffer les actions de résistance polonaise. De telles attentes ne prirent pas de résultat espéré. Une barrière de peur fut déjà brisée, la spirale de haine grandissait.


Opérations militaires à Varsovie

          La situation sur le front européen de la guerre devenait de plus en plus défavorable pour le Troisième Reich. Sur le front occidental, après la perte de l’Afrique du nord par les Allemands, les troupes alliées atterrirent en juillet et en septembre 1943 en Italie pour se déplacer progressivement vers le nord du pays. Le 6 juin 1944, les alliés occidentaux commencèrent le débarquement en Normandie. Sur le front oriental, les troupes allemandes ne cessaient de se retirer après la défaite à Stalingrad en février 1943. Le 6 janvier 1944, l’armée soviétique dépassa la frontière de Pologne de l’année 1939. En juillet 1944, elle traversa le fleuve Bug.

          Entre le 28 novembre et le 1er décembre 1943, à Téhéran, eut lieu une rencontre des dirigeants de l’URSS, des États-Unis et de la Grande Bretagne. Staline, Roosevelt et Churchill se consentirent initialement à propos du destin de l’Europe après la fin de la Seconde guerre mondiale. Pour remporter une victoire définitive sur Hitler, les alliés occidentaux eurent sans doute besoin de la puissance de l’Armée rouge. Ils cédèrent aux demandes de Staline qui voulait désigner la zone d’intérêt de l’URSS en Europe centrale et de l’ouest. Selon le protocole secret, la Pologne aurait dû appartenir à la zone d’intérêt soviétique, ce qui résulta en sa perte partielle d’indépendance dans quelques dizaines d’années à venir. Encore une fois, la Pologne fut trahie par ses alliés occidentaux. Les Polonais ne savaient rien de ces consentements.

          Le mois d’août 1944 approchait...




rédaction:
Jerzy Janowski
Maciej Janaszek-Seydlitz
Janina Mańkowska

traduction: Agnieszka Winconek



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